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Le presbytère hanté de Borley
The Haunted Borley Rectory
Traduction : Hugues de La Chesneray
En
1958, paraissait chez Denoël, avec une préface de Robert Amadou,
l'excellente étude consacrée par Eric Dingwall, Kathleen Goldney et
Trevor Hall au presbytère de Borley. Formé de membres d'associations de
recherche paranormale très sérieuses, le trio prétendait à dénoncer la
supercherie dont Harry Price, qui enquêta dès 1929 sur les phénomènes
censés se dérouler dans cette maison, se serait rendu coupable à seules
fins, vous l'aurez deviné sans peine, de vendre un maximum
d'exemplaires du livre que lui-même avait rédigé sur Borley - et aussi
d'assurer sa réputation de "fantastique chasseur de fantômes."
Rappelons brièvement l'histoire du presbytère :
1) la période Bull :
le révérend Bull, pasteur du village de Borley, fait construire le
presbytère en 1863. Des bruits courront par la suite comme quoi le
bâtiment s'éléverait sur les ruines d'un monastère du XIIIème siècle
mais il semble aujourd'hui établi que, tout comme la rumeur
qui voulait qu'un couvent de soeurs eût existé non loin de là, à Bures,
ce bruit était sans fondements.
Après la mort du révérend, son fils lui succède dans les mêmes fonctions et dans la même propriété, où il vit avec ses soeurs. C'est en 1900 que commence à se répandre l'idée que les demoiselles Bull ont vu plusieurs fantômes, dont celui d'une religieuse.
2) la période Smith :
elle commence en octobre 1928 avec l'arrivée du révérend Smith et de
son épouse dans le presbytère où le révérend Bull était décédé un an
plus tôt.
Troublés par les rumeurs de hantise, M. et Mme Smith contactent le Daily Mirror qui les met en contact avec Harry Price, journaliste spécialisé en enquêtes para-psychiques.
Price
arrive au presbytère en juin 1929 et, tout de suite, se produisent tout
un lot de phénomènes. La bonne des Smith affirme de son côté avoir vu
une apparition et le confie à Price.
Le mois suivant, les Smith, ennuyés par le manque de confort de la maison, quittent le presbytère. Ils n'y reviendront pas.
3) la période Foyster :
entrent alors en scène le révérend et madame Foyster. Signalons que le
premier est largement l'aîné de la seconde : plus de vingt ans de
différence. Ils ont une petite fille : Adelaïde. Nous sommes en 1930
et, dès l'arrivée du couple, le presbytère s'agite.
Les
Foyster rappellent Harry Price - qui se dira persuadé, plus tard, dans
quelques lettres à un ami, que la responsable de tout cela n'était
autre que Marian Foyster, l'épouse du révérend.
Après
maintes péripéties et le recours à un exorciste, les Foyster quittent
Borley en 1935. Le presbytère reste inoccupé pendant près de deux ans.
4) la période Price : Price loue le presbytère pour un an à compter de mai 1937. Son séjour ne sera guère paisible : les
phénomènes s'accumulent. Lorsqu'il rend les clefs en 1938, il a
constitué un énorme dossier qui lui inspirera "La Maison la plus hantée
d'Angleterre", qui sortira en 1940.
A partir de
là, les théories ne vont pas arrêter de s'échafauder, certaines
loufoques, d'autres bien plus sérieuses. Le nouveau propriétaire des
lieux, le capitaine Gregson, confirme lui aussi des phénomènes
étranges, phénomènes qui survivront (si on ose l'écrire ) à la destruction du presbytère par le feu, le 27 février 1939.
Après
la guerre, Price fouillera les ruines et y découvrira des ossements
qu'on l'accusera par la suite d'avoir mis lui-même en place afin de
donner corps à la légende de la religieuse enfermée vivante dans les
murs de Borley. En parallèle, tandis que les Smith, en parfaite contradiction avec ce qu'ils avaient déclaré à Price en 1930,
affirment n'avoir jamais rien constaté d'anormal dans leur ancienne
demeure, d'autres personnes, visiteurs des ruines venus en amateurs ou
en professionnels, prétendent avoir été témoins de nouveaux phénomènes.
Harry Price décède le 29 mars 1948.