Des Anges et des Insectes - A.S. Byatt.
Angels & Insects
Traduction : Jean-Louis Chevalier
Ce
livre contient deux longues nouvelles "Morpho Eugenia" et "L'Ange
Conjugal", reliées entre elles par un personnage qui y tient pourtant
un rôle bien secondaire, le capitaine Papagay. Dans la première, il
commande le navire qui enverra nos héros, enfin délivrés, vers
l'Amazonie et, dans la seconde, il réapparaît fort à propos dans la vie
de son épouse, Lilias, alors que tout le monde le croyait perdu en mer
depuis cinq bonnes années. Dans les deux cas, l'action se situe en
pleine époque victorienne.
"Morpho Eugenia" est le nom d'un
papillon très rare que William Adamson, est parvenu à sauver du
naufrage où il a failli périr, alors qu'il revenait d'une longue
expédition en Amazonie. Amoureux éperdu de la belle Eugenia
Alabaster, dont le précédent fiancé s'est suicidé pour des raisons
mystérieuses, c'est après le lui avoir montré qu'il finit par trouver
le courage et l'opportunité de demander la main de la jeune fille à son
père, sir Harald.
En dépit de l'opposition larvée d'Edgar,
l'un des demi-frères d'Eugenia (sir Harald s'est remarié après son
veuvage), le mariage se fait. Et voilà William solidement installé chez
les Alabaster. Commence aussi le cycle des grossesses d'Eugenia qui,
pendant le temps de la gestation, se refuse bien évidemment à son époux.
Ce
qui amène William, lentement mais sûrement, à établir une relation
entre son destin de mâle reproducteur et celui des mâles chez ces
fourmis que, en compagnie de Matthy Crompton, parente pauvre de la
maisonnée qui fait aussi office de gouvernante auprès des plus jeunes
filles de sir Harald, il aime tant à étudier ...
La fin de l'histoire lui révélera d'ailleurs que, en l'occurrence, il n'aura pas même servi de mâle reproducteur ...
Alors,
délivré, William quittera les Alabaster et reprendra le chemin de
l'Amazonie. Et c'est sur le pont du navire qui doit l'emmener en
Amérique du Sud que le lecteur croise pour la première fois le
capitaine Papagay.
Ce capitaine Papagay, il le
recroisera une seconde et dernière fois à la fin de "L'Ange Conjugal,"
la nouvelle que je préfère dans l'ouvrage, peut-être parce que, un peu
comme dans "Possession" qui s'interrogeait sur les relations entre deux
poètes, elle s'intéresse aux liens qui existèrent entre Alfred
Tennyson, ses soeurs (l'une d'elles, en particulier) et Arthur Hallam,
le dédicataire du célèbre "In memoriam." Tout cela sur fond de
spiritisme et d'écriture automatique, avec une bonne dose d'humour et
sans aucun temps mort - ce qui n'est pas le cas pour "Morpho Eugenia."
Une
fois de plus, on reste émerveillée par la passion avec laquelle A. S.
Byatt met son érudition au service du roman. Son style est toujours
aussi exigeant et, tous comptes faits, il conviendrait
peut-être de commencer la lecture de son oeuvre non par "Possession"
mais par "Des Anges et des Insectes." C'est en tous cas ce que je vous
recommande tout en faisant mon mea culpa quant à ce que j'ai pu écrire jadis sur ce dernier livre, qu'une relecture attentive m'a fait découvrir dans toute sa beauté.