L'Affaire Arthur Shawcross : Le Fils Illégitime - Jack Olsen.
The Misbegotten Son
Traduction : Edith Magyar
Le
cas d'Arthur Shawcross est d'autant plus intéressant que ce tueur en
série présente une anomalie génétique reconnue : il possède un
chromosome Y de plus que la normale. Or :
Citation: |
... les symptômes majeurs de cette affection sont de graves problèmes de comportement. Les individus ne peuvent plus contrôler leur fureur, ont des sautes d'humeur, ne supportent pas le bruit, sont hypersensibles à la lumière et ont tendance à vivre la nuit ... |
Selon
les autorités médicales américaines, 2 000 hommes porteurs de cette
aberration génétique naîtraient chaque année aux USA. Bien entendu, il
n'est pas dit qu'ils deviennent tous des tueurs en série ...
L'analyse chromosomique avait été requise par la Défense, de même que tout un tas d'expertises psychiatriques. Mais
bien qu'il présente des troubles graves du comportement et un Q.I.
légèrement inférieur à la moyenne, Arthur Shawcross, là encore, est
atypique. Bien que se comportant comme un parfait sociopathe, il a
démontré qu'il était susceptible de honte et de souffrance lorsqu'il
évoquait les actes dont ils s'étaient rendus coupables, en tous cas toutes les fois qu'une relation s'établissait entre ces actes et la figure maternelle.
L'évocation de sa mère, Betsy, avec laquelle il entretient une
frappante relation amour-haine, est la seule qui puisse le faire
pleurer - en d'autres termes, qui déclenche chez lui une émotion réelle et aussi incontrôlable que ses pulsions meurtrières.
Bref, Arthur
Shawcross est un tueur en série qui n'obéit pourtant pas aux règles
établies pour les tueurs en série. Et c'est en cela qu'il constitue une
énigme parmi tout un lot d'énigmes.
Il n'avait pas
encore trente ans, à la fin des années 70, lorsqu'il tua deux enfants à
quelques mois d'intervalle : Jack Blake et Karen Hill. Inculpé pour le
meurtre et le viol de la fillette, il bénéficia d'un marché entre son
avocat et le cabinet du D.A. qui lui permit de ne pas être impliqué
dans la disparition du petit Jack. Condamné à 25 ans de prison, il fut
libéré pour bonne conduite et la Commission de Réinsertion l'aida,
après maints déboires, à s'installer à Rochester. C'est-à-dire que la
Commission jugea prudent de ne pas prévenir les autorités de Rochester
qu'un pédophile meurtrier avait trouvé refuge dans leur petite cité.
Comme
il ne rechignait pas devant le travail, Shawcross, qui s'était marié
pour la troisième fois avec une aide-soignante rencontrée alors qu'il
était en prison, trouva vite un emploi. Il prit aussi une maîtresse et
n'approcha, semble-t-il, plus aucun enfant. Il devait l'avouer lui-même
par la suite : il redoutait de sombrer à nouveau et de compromettre
ainsi définitivement sa liberté conditionnelle.
Fait unique
à ce jour dans l'histoire des pédophiles coupables d'assassinats,
Shawcross, pour assouvir sa soif de meurtre, se retourna contre les
prostituées de l'endroit. Il devait frapper onze fois avant que la police, plus ou moins aidée par les circonstances, parvînt à le coincer.
Par
la suite, on établit qu'il ne s'attaquait qu'à des femmes de petite
taille (jamais plus d'1,55 m) et qui, toutes, pouvaient lui évoquer
soit sa mère, soit sa soeur, Jeannie, avec laquelle il prétendit
toujours avoir eu des relations incestueuses.
Shawcross quant à
lui expliquait ses pulsions par les traumatismes subis lors de son
engagement au Viêt-Nam. Mais lorsque ses défenseurs s'intéressèrent à
cette période de sa vie, ils comprirent que leur client affabulait
purement et simplement.
La qualité de ses rapports
enfantins avec sa mère est la seule, avec 'aberration chromosomique, à
représenter une piste valable. Mais un père faible et une
mère trop sévère, même alliés à un chromosome superflu, sont-ils
suffisants pour expliquer le comportement de Shawcross ? ...
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